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a) Comment dépister la surdité ?
Isolement, anxiété, dépression et parfois même paranoïa, telles peuvent être les conséquences de la surdité sur la qualité de vie. La détection des déficiences auditives est donc au cœur des enjeux de santé public, chez les plus âgés comme chez les plus jeunes.
De nos jours, le dépistage à la naissance se généralise. Cependant les personnes âgées souffrant de presbyacousie restent réticentes à aller consulter.
Simples et fiables, les tests d’audition sont de plus en plus pratiqués chez les nouveaux-nés. La surdité néonatale est le handicap le plus fréquent à la naissance. Elle atteint un nourrisson sur mille, et un autre sur mille deviendra sourd dans sa première année. Si une surdité néonatale est détectée, une prise en charge peut avoir lieu lors des premiers mois du nouveau-né. Le fait de pratiquer ce test dès le plus jeune âge permet de lutter contre le frein au développement de l'enfant engendrée par la surdité grâce à une prise en charge médicale lors de ses premiers mois. En effet, la non prise en charge de la surdité de naissance peut avoir de sérieuses conséquences sur l’acquisition du langage, le développement affectif et le déroulement de la scolarité de l’enfant. D'une manière plus générale, la mal audition freine considérablement son développement psychique. Aujourd'hui, les médecins sont en possibilité de proposer un appareillage à l'enfant sourd, lui offrant ainsi de meilleures chances de s'épanouir dans la vie et lui permettant de prendre conscience du monde dans lequel il évolue.
De plus, des études montrent qu'un enfant, appareillé dès son plus jeune âge, ne cherche pas à ôter ses aides auditives et prend véritablement conscience du bénéfice qu'elles lui apportent. Contrairement à l'adulte, il ne connaît pas de frein psychologique à l'appareillage et portera ses aides de bon gré. L’importance du dépistage néonatal a été renforcée par un arrêté datant du 23 avril 2012, afin de tenter de réduire cet enjeu de société.
Idéalement, les personnes âgées de plus de 50 ans devraient faire tester régulièrement leur audition et accepter de porter des prothèses auditives dès les premiers signes de presbyacousie.
L’enfant sourd peut grandir presque normalement, s’il est appareillé très tôt, car son cerveau présente une grande plasticité (avec l’âge celle-ci diminue). Accompagné de séances d’orthophonie, le développement de l’enfant ne prendra presque aucun retard, et 70% d’entre eux peuvent suivre une scolarité normale.
Chez le nouveau né, le dépistage, se fait au troisième jour de vie, lorsque celui-ci dort. Il ne prend que quelques minutes, et est indolore. Il nécessite une pièce sans bruit, et où l’enfant est calme. Un petit appareil, envoie un son faible dans l’oreille de façon répétée afin de faire fonctionner l’audition et il essaye de détecter une preuve de ce fonctionnement.
Deux techniques peuvent être utilisées :
- Le test par oto-émissions acoustiques automatisées (OEAa) :
Une petite sonde reliée à un appareil de test est placée à l’entrée de l’oreille, et envoie les sons. Les sons dans le cas d’une oreille saine sont renvoyés par écho à un micro (oto-émission). Il arrive que des enfants aient encore des bouts de peaux humides au fond de leurs oreilles, ce qui fausse le dépistage. Mais une fois qu’ils sont secs, l’oto-émission peut être retrouvée. Cette technique ne permet pas de tester le nerf auditif, mais est tout de même suffisante dans la plupart des cas.
- Le test par potentiels évoqués auditifs automatisées (PEAa) :
Ce test est réalisé chez les grands prématurés, ou chez les nourrissons dont l’OEAa n’a pas fonctionné. Sur le même principe que l’OEAa, un appareil envoie des sons faibles dans l’oreille de l’enfant, mais ce qu’on cherche ici à détecter est le très faible signal électrique produit par la mise en marche du nerf auditif. On le recueille, avec des électrodes collées sur la peau. Le test des PEAa vérifie donc l’oreille et aussi le nerf auditif.
Le dépistage chez l’adulte est un peu plus compliqué, car seulement 30% d’entre eux ont conscience de mal entendre. Cette perte insidieuse, entraîne des problèmes de compréhension, et il ne faut pas tarder à aller consulter, car le délai d’adaptation aux aides auditives sera d’autant plus long. Une étude a montré que 80% des sujets appareillés à 60 ans portent leur appareils quotidiennement contre seulement 14% des sujets de 80 ans.
Le dépistage peut se faire chez un médecin ORL ou chez un audioprothésiste. Ce dépistage se déroule en plusieurs étapes :
- Tout d’abord « l’interrogatoire » : Le médecin pose de nombreuses questions au patient. Il lui demande par exemple :
-s’il fait répéter
-s’il entend bien au téléphone
-s’il entend les oiseaux, les cigales, un ruisseau qui coule…
- Ensuite il procède à l’examen de l’oreille : A l’aide de son otoscope, il vérifie le conduit auditif, pour voir s’il n’y a pas de bouchon de cérumen et que le tympan est en bon état.
- La troisième étape est celle des tests auditifs : Ces tests audiométriques permettent de quantifier la surdité, en précisant si elle est légère, moyenne ou profonde mais également de localiser le siège de l’atteinte auditive.
Les tests les plus courants sont l'audiométrie tonale et l'audiométrie vocale.
Le test de l'audiométrie tonale porte sur la perception des sons. Il consiste à faire écouter des sons purs d’intensité croissante sur diverses fréquences par l’intermédiaire d’un casque. Le patient signale lorsqu’il entend un son, et le docteur le note sur un graphique.
L’axe vertical représente la perte exprimée en décibels. Plus on s’éloigne de 0dB, plus la perte est importante. Sur l’axe horizontal, on a les fréquences en Hertz.
On teste ainsi tout le spectre sonore, des graves aux aigus sur des fréquences préétablies allant de 125 à 8000 Hz.
Le test de l’audiométrie vocale porte sur la perception de la parole et est complémentaire au test tonal. Il cherche à mesurer les capacités de reconnaissances des mots par le patient. Elle permet d’évaluer la gêne sociale à travers l’estimation de la compréhension de la conversation.
Il consiste à faire écouter une série de mots, de une ou deux syllabes selon une intensité de son donnée. Le patient doit répéter cette liste avec le moins d’erreurs possibles. Plus le nombre d’erreurs est élevé, moins la compréhension est bonne. Les résultats sont ensuite reportés sur un graphique. Ces points forment la courbe d’intelligibilité.
Des examens complémentaires peuvent être prescris, par le médecin si nécessaire. Comme par exemple le passage d’un IRM ou d'un scanner pour des causes liées à un problème rétrocochléaire par exemple.
Nous nous sommes nous même rendues chez un audioprothésiste pour pratiquer ces tests.