• II) La défaillance auditive, un handicap au quotidien

         Quand elles vont bien, on les cache et lorsqu’elles fonctionnent moins bien, on les ignore. Nos oreilles sont l’objet de peu d’attention. Ce sont pourtant de merveilleuses mécaniques qui nous permettent de communiquer et de comprendre le monde dans lequel nous vivons. Une bonne audition est indispensable aux jeunes enfants dans l’apprentissage du langage et elle est nécessaire aux personnes âgées qui ne veulent pas connaître une solitude forcée. Vivre avec une surdité, même partielle, est souvent une grande souffrance lorsqu’elle n’est pas prise en charge. La surdité engendre des tabous que doivent affronter de nombreuses personnes au quotidien. 

         De plus, le port de prothèses auditives est souvent suffisant pour régler les problèmes de déficience auditive. Mais pour une correction optimale, l’appareillage doit se faire dès les premiers signes de surdité. Or 17% seulement des malentendants possèdent des aides auditives, et un tiers d’entre eux ne les utiliserait pas au quotidien.

  •      Isolement, anxiété, dépression et parfois même paranoïa, telles peuvent être les conséquences de la surdité sur la qualité de vie. La détection des déficiences auditives est donc au cœur des enjeux de santé public, chez les plus âgés comme chez les plus jeunes.

         De nos jours, le dépistage à la naissance se généralise. Cependant les personnes âgées souffrant de presbyacousie restent réticentes à aller consulter.

         Simples et fiables, les tests d’audition sont de plus en plus pratiqués chez les nouveaux-nés. La surdité néonatale est le handicap le plus fréquent à la naissance. Elle atteint un nourrisson sur mille, et un autre sur mille deviendra sourd dans sa première année. Si une surdité néonatale est détectée, une prise en charge peut avoir lieu lors des premiers mois du nouveau-né. Le fait de pratiquer ce test dès le plus jeune âge permet de lutter contre le frein au développement de l'enfant engendrée par la surdité grâce à une prise en charge médicale lors de ses premiers mois. En effet, la non prise en charge de la surdité de naissance peut avoir de sérieuses conséquences sur l’acquisition du langage, le développement affectif et le déroulement de la scolarité de l’enfant. D'une manière plus générale, la mal audition freine considérablement son développement psychique. Aujourd'hui, les médecins sont en possibilité de proposer un appareillage à l'enfant sourd, lui offrant ainsi de meilleures chances de s'épanouir dans la vie et lui permettant de prendre conscience du monde dans lequel il évolue.

    c) Comment dépister la surdité ?

         De plus, des études montrent qu'un enfant, appareillé dès son plus jeune âge, ne cherche pas à ôter ses aides auditives et prend véritablement conscience du bénéfice qu'elles lui apportent. Contrairement à l'adulte, il ne connaît pas de frein psychologique à l'appareillage et portera ses aides de bon gré. L’importance du dépistage néonatal a été renforcée par un arrêté datant du 23 avril 2012, afin de tenter de réduire cet enjeu de société.

         Idéalement, les personnes âgées de plus de 50 ans devraient faire tester régulièrement leur audition et accepter de porter des prothèses auditives dès les premiers signes de presbyacousie.

         L’enfant sourd peut grandir presque normalement, s’il est appareillé très tôt, car son cerveau présente une grande plasticité (avec l’âge celle-ci diminue). Accompagné de séances d’orthophonie, le développement de l’enfant ne prendra presque aucun retard, et 70% d’entre eux  peuvent suivre une scolarité normale.

         Chez le nouveau né, le dépistage, se fait au troisième jour de vie, lorsque celui-ci dort. Il ne prend que quelques minutes, et est indolore. Il nécessite une pièce sans bruit, et où l’enfant est calme. Un petit appareil, envoie un son faible dans l’oreille de façon répétée afin de faire fonctionner l’audition et il essaye de détecter une preuve de ce fonctionnement.

    Deux techniques peuvent être utilisées :

    -        Le test par oto-émissions acoustiques automatisées (OEAa) :

         Une petite sonde reliée à un appareil de test est placée à l’entrée de l’oreille, et envoie les sons. Les sons dans le cas d’une oreille saine sont renvoyés par écho à  un micro (oto-émission). Il arrive que des enfants aient encore des bouts de peaux humides au fond de leurs oreilles, ce qui fausse le dépistage. Mais une fois qu’ils sont secs, l’oto-émission peut être retrouvée. Cette technique ne permet pas de tester le nerf auditif, mais est tout de même suffisante dans la plupart des cas.

     

    -          Le test par potentiels évoqués auditifs automatisées (PEAa) :

         Ce test est réalisé chez les grands prématurés, ou chez les nourrissons dont l’OEAa n’a pas fonctionné. Sur le même principe que l’OEAa, un appareil envoie des sons faibles dans l’oreille de l’enfant, mais ce qu’on cherche ici à détecter est le très faible signal électrique produit par la mise en marche du nerf auditif. On le recueille, avec des électrodes collées sur la peau. Le test des PEAa vérifie donc l’oreille et aussi le nerf auditif.

    c) Comment dépister la surdité ?

         Le dépistage chez l’adulte est un peu plus compliqué, car seulement 30% d’entre eux ont  conscience de mal entendre. Cette perte insidieuse, entraîne des problèmes de compréhension, et il ne faut pas tarder à aller consulter, car le délai d’adaptation aux aides auditives sera d’autant plus long. Une étude a montré que 80% des sujets appareillés à 60 ans portent leur appareils quotidiennement contre seulement 14% des sujets de 80 ans.

         Le dépistage peut se faire chez un médecin ORL ou chez un audioprothésiste. Ce dépistage se déroule en plusieurs étapes :

    - Tout d’abord « l’interrogatoire » : Le médecin pose de nombreuses questions au patient. Il lui demande par exemple : 

    -s’il fait répéter

    -s’il entend bien au téléphone

    -s’il entend les oiseaux, les cigales, un ruisseau qui coule…

    - Ensuite il procède à  l’examen de l’oreille : A l’aide de son otoscope, il vérifie le conduit auditif,  pour voir s’il n’y a pas de bouchon de cérumen et que le tympan est en bon état.

    - La troisième étape est celle des  tests auditifs : Ces tests audiométriques permettent de quantifier la surdité, en précisant si elle est légère, moyenne ou profonde mais également de localiser le siège de l’atteinte auditive.

     

    c) Comment dépister la surdité ?

    Les tests les plus courants sont l'audiométrie tonale et l'audiométrie vocale.

         Le test de l'audiométrie tonale porte sur la perception des sons. Il consiste à faire écouter des sons purs d’intensité croissante sur diverses fréquences par l’intermédiaire d’un casque. Le patient signale lorsqu’il entend un son, et le docteur le note sur un graphique.

         L’axe vertical représente la perte exprimée en décibels. Plus on s’éloigne de 0dB, plus la perte est importante. Sur l’axe horizontal, on a les fréquences en Hertz. 

         On teste ainsi tout le spectre sonore, des graves aux aigus sur des fréquences préétablies allant de 125 à 8000 Hz.

         Le test de  l’audiométrie vocale porte sur la perception de la parole et est complémentaire au test tonal. Il cherche à mesurer les capacités de reconnaissances des mots par le patient. Elle permet d’évaluer la gêne sociale à travers l’estimation de la compréhension de la conversation.

         Il consiste à faire écouter une série de mots, de une ou deux syllabes selon une intensité de son donnée. Le patient doit répéter cette liste avec le moins d’erreurs possibles. Plus le nombre d’erreurs est élevé, moins la compréhension est bonne. Les résultats sont ensuite reportés sur un graphique. Ces points forment la courbe d’intelligibilité.

         Des examens complémentaires peuvent être prescris, par le médecin si nécessaire. Comme par exemple le passage d’un IRM ou d'un scanner pour des causes liées à un problème rétrocochléaire  par exemple.

         Nous nous sommes nous même rendues chez un audioprothésiste pour pratiquer ces tests.

     

    a) Comment dépister la surdité ?

     

    a) Comment dépister la surdité ?

     


  •      La surdité de transmission ou « surdité conductive » touche l’oreille externe et surtout l’oreille moyenne. Elle est due à un défaut de l’appareil de transmission des  sons vers la cochlée. Ce disfonctionnement peut être du à un défaut du conduit auditif, du tympan ou encore des osselets.

         Elle est unilatérale ou bilatérale et touche l’ensemble des fréquences, mais se concentre plutôt dans les fréquences graves. La perte d’audition est rarement supérieure à 50 dB. La transmission de la voie haute est peu diminuée contrairement à la voie chuchotée.

         Les origines de cette surdité sont le plus souvent d’origine infectieuse. Les principales causes de surdité de transmission sont :

    ·          Au niveau du conduit auditif, du à un bouchon de cérumen, une otite externe, des maladies dermatologiques, ou encore des malformations.

    ·         Au niveau de l’oreille moyenne, du à des otites dans la plupart des cas (séreuses, barotraumatiques…), une rupture de la chaîne des osselets, une malformation des osselets, des maladies (telles que l’otospongiose) des tumeurs bénignes envahissant la caisse du tympan  (cholestéatome), à la présence de corps étrangers ou encore une perforation du tympan.

         Heureusement, dans la majorité des cas l’audition peut être retrouvée.

         En effet les bouchons de cérumen peuvent être retirés par lavage ou aspiration, les corps étrangers sont extrait par un ORL avec un microscope, les otites sont soignées avec des gouttes et des médicaments (parfois des antibiotiques), la chirurgie permet de reconstruire ou de remplacer (autogreffe, prothèse en céramique pour remplacer un osselet par exemple).


  •      La surdité de perception résulte d'une déficience au niveau de l'oreille interne ou des voies nerveuses. Dans les deux cas, la transmission de l'information sonore par le tympan et les osselets jusqu'à l'oreille interne est parfaite. Le patient atteint de surdité de perception entend mais comprend mal, il tend à parler fort et souffre d'acouphènes fréquents. La perception de la voix chuchotée et de la voix haute sont toutes deux diminuées. Selon l'origine du disfonctionnement, on parle d'une surdité de perception cochléaire, ou retro-cochléaire qui peut être unilatérale ou bilatérale.

         On parle de surdité de perception cochléaire (ou neurosensorielle) lorsqu'une partie des cellules sensorielles de l'oreille interne (cellules ciliées) est déficiente. La cochlée ne peut donc plus transformer l'information sonore qu'elle reçoit de l'oreille moyenne jusqu'au cerveau. Dans certains cas de surdité neurosensorielle, dite surdité partielle, la perte auditive est localisée dans les fréquences aigües. Seules les cellules ciliées situées à la base de la cochlée sont alors endommagées. 

         On parle de surdité de perception rétro-cochléaire lorsque le nerf auditif est endommagé ou absent. Le traitement de l'information est effectué correctement par l'oreille interne mais le nerf auditif est incapable de transmettre les impulsions nerveuses jusqu'au cerveau.

     


  • Vivre avec la surdité n’est pas une chose simple. En effet, si les malentendants doivent faire face aux nombreux préjugés de notre société, ils doivent également s’intégrer dans un environnement pas toujours adapté à leur handicap.

      Notre objectif étant de mieux comprendre le quotidien des personnes atteintes de surdité, nous avons interviewé deux malentendants au parcours différent et récolter le témoignage écrit de Gérard Grare.

     

    Cliquez sur ce lien pour découvrir les deux témoins que nous avons interviewés.

     

    Présentation de Gérard :

     

    " Grare Gérard, 74ans, marié, retraité du bâtiment. Provenance de ma surdité : sans aucun doute héréditaire. Mon père était malentendant et mes deux frères avaient des difficultés. J'ai perdu l'audition de l'oreille gauche très jeune."

     

     

     Les capacités des malentendants à s’adapter à leur environnement sont assez impressionnantes. Ainsi, nombres d’entre eux apprennent le langage des signes, ou encore à lire sur les lèvres. Cela leur permet de sentir plus confiants et à l’aise dans leur quotidien, pas toujours évident à affronter. Gérard témoigne d’ailleurs :

     

     « Prenons un exemple, je suis à la caisse d'un supermarché. Beaucoup de bruit environnant, une gentille caissière avec une voix feutrée m'annonce le montant de mes achats. Malgré une répétition, rien à faire....Dix fois, vingt fois par jour j'avise mes interlocuteurs de mon handicap. Autre exemple, je ne peux plus téléphoner, très ennuyeux en ces temps où la communication téléphonique est omniprésente. Alors oui, je vis différemment qu'une personne bien entendante et cela me pénalise dans ma vie personnelle. »

     

     La surdité est un diagnostic difficile à accepter, notamment pour les personnes relativement jeunes, qui associent ce handicap à la vieillesse. Beaucoup des patients atteints doivent mener un véritable travail sur eux même afin d’être prêts à envisager d’éventuels solutions qui pourraient améliorer leur quotidien.

      Découvrez ici la réaction de nos témoins face à leur différence.

     

    Grâce aux nombreuses avancées pour réduire la surdité, les médecins sont aujourd’hui en mesure de proposer des solutions adaptées à chaque patient. Selon leur expérience de vie, tous ne sont pas forcément prêts à l’opération, qui reste une décision difficile à cause des risques qu’elle présente. De plus, tous les types de surdité ne sont pas opérables.

    Découvrez ici les motivations de Fabienne à se faire opérer





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